La minéralité dans le vin

Récemment j’ai lu un post Linkdin qui m’a vachement questionnée. 

En première lecture je me suis sentie un peu nulle d’avoir toujours transmis ce goût de caillou mouillé. Bon petit syndrôme de l’imposteur quoi… Et puis j’ai relu et je me suis dis que ce n’était pas non plus cette version étroite et puriste d’une science qui ne fonctionne qu’à la certitude que je voulais vous transmettre.

Accepter que cette version binaire existe, sans forcément lui donner toute la place. Parce qu’elle omet le plus important pour pour moi : la part de l’inconnu, le “plus grand que soi” qu’on n’explique pas, si importante dans les vins vivants. 

Le vin s’il est un produit vivant (certains d’entre eux seulement, donc) ne va pas forcément goûter ce qu’on sent au nez d’abord, mais pas non plus ce qu’on a prévu qu’il goûte au vu de ce avec quoi il part : le cépage, le terroir, l’élevage etc…

Il y a plein d’autres facteurs qui entrent en jeu et qui sont totalement hors contrôle, qui sont ceux inhérents au vivant. On n’est pas obligé de vouloir tout comprendre. Il y a l’âme du vigneron, l’amour qu’il ou elle a mis dans sa bouteille, les aléas qu’il a traversés pendant qu’il prenait soin de sa vigne, pendant les vendanges, les vinifications... 

Le raisin est né et a vécu sur l’organisme vivant qu’est la vigne, qui, elle même, est allée chercher nutriments et énergie dans le sol et dans le ciel, eux mêmes bourrés d’organismes vivants. Bah ce raisin quand il continue de vivre et de devenir jus auprès des levures, des enzymes, des bactéries, qu’il continue de vivre en bouteille parce qu’on ne lui a pas trop sulfité la tronche, bah ce raisin là, peut-être qu’il est en mesure de nous transmettre une information du sol aux papilles non ?

Et puis ce post m’embête parce qu’il mélange aussi deux métiers. L’art de la dégustation de vin qui fait voyager les papilles amatrices ou expérimentées et les emmène non pas seulement dans une expertise technique mais aussi dans la complexité aromatique qui éveille tout un terrain émotionnel et de souvenirs. Et puis la science oenologique, l’expertise qui a besoin de certitudes et qui est tout aussi intéressante quand elle nous dit que, de ce qu’on sait à ce jour, de ce que la science est capable de prouver pour le moment, la minéralité en bouche ne vient pas du sol.

Alors peut être qu’aujourd’hui on n’est pas capables de prouver qu’il y a un transfert d’information du terroir aux papilles mais laissons notre esprit ouvert !

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Beaujolais nouveau, beaujo pas si nouveau et nouveau pas si beaujo…